Au Cracmol Buveur

- Le Bourreau en personne.

Le directeur de l'école fit un pas de son côté pour serrer avec une poigne ferme, la main de ce champion de renommée. Ses yeux froids testaient déjà Scharf, sondant l'esprit implacable de l'élite des duellistes.

- Je n'y croyais pas jusqu'à maintenant. Le Ministère n'a pas dû vous rendre la vie facile. Je serai ravi d'entendre ce qui vous a poussé à venir jusqu'à nous.

Sans laisser le temps à Karl de retirer sa main ni de répondre, le directeur transplana avec lui.

En un craquement, Otto apparu. Il tira sur sa veste pour la remettre en place.

- Bonjour.

Il leva sa main vers la chaise et la fit reculer. Otto s'assit et entrecroisa ses mains.

- J'ai appris pour les attaques.

Thomas soupire tout en demandant un verre au tavernier, un pour Otto aussi.

- En effet nous avons subit maintes attaques dans les forêts avoisinantes ou plaines lors de la chasse, des hommes sont tombés.

Cette fois Delaney semble avoir perdu sa diplomatie et parle rapidement et froidement.

- Des indigènes et des créatures magiques.

Il remercia le serveur d'un hochement de tête.

- C'est bien cela ?

- Navré de vous interrompre dans votre curiosité soudaine mais.

Thomas pose son regard dans celui d'Otto.

- Qu'est-ce que cela peut vous faire désormais ?

- Il y a de toute évidence un sérieux conflit d'intérêt pour ces terres. J'ai appris que c'était les indigènes qui vous aviez attaqué en premier, vous avez décidé de contre attaquer. Il y a 600 ans, les Croisés ont appliqué la même stratégie pour mettre un terme à l'invasion de l'Europe par les Sarrasins.

Il conclut sa phrase avec une gorgée d'alcool.

- Je crois pourtant vous l'avoir dit que je n'étais pas la mauvaise personne ici monsieur Von Lÿdnow. N'est-ce pas ?

L'homme dépose sa canne à côté de lui et hausse un sourcil toujours mirant Otto, un regard quelque peu lassé.

- Pourquoi me parler d'une armée qui n'existe plus.

- Vous n'avez surtout pas très clair et coopérant. Mais qu'importe.

Il finit le fond de son verre.

- Je dis simplement que les Chrétiens ont dû attaquer les Sarrasins au cœur de leur empire pour les tempérer, leur empire a cependant subsisté. Je dis que vous avez appliqué le même principe. Les indigènes vous ont attaqué en premier, vous avez décidé d'aller les déloger. Et les voilà de retour, avec sûrement un esprit de vengeance. Honnêtement je me vois mal annoncer la fermeture de l'école car les habitants d'il y a cent ans reviennent.

- J'ai été plus que coopératif en vous proposant mon aide, il n'y a pas plus coopérant.

Rétorque Delaney.

- Les habitants originels de ces terres plutôt. Ce qui est amusant c'est que ce conflit a été débuté par nos ancêtres colons et nous en payons les frais aujourd'hui ou il y a encore un siècle voyez-vous.

Thomas prend par la suite son verre pour y boire une gorgée.

- Je m'efforce de défendre les sorciers puisque personne ne veut bouger le petit doigt, les autorités en terme de magie sont trop lâches et préfèrent se cacher par peur que les moldus ne les chassent. Alors oui, il y a des choses à faire, à entreprendre qui ne plaisant pas à tous mais qui fonctionnent.

- Comme par exemple ... ?

Demanda t-il suspicieux.

- Enrôler des moldus pour leurs montrer que nous sommes tout aussi bon et que nous ne leurs voulons pas de mal, comme est composée une bonne partie de ma petite armée.

Une nouvelle gorgée.

- Tout faire pour que les sorciers se sentent à l'abri et en paix, tuer sans relâches tout traître qui viendrait à nous vendre, qu'ils soient sorcier ou moldu, n'est-ce pas là ce que vous voulez aussi en tant que Directeur ? Personne, je dis bien personne ne voulant la mort des sorciers ne doit être pris en pitié.

- Vous plaisantez j'espère ? Rompre le secret magique ? Rien ne vous dit que ces Moldus ne sont pas agents infiltrés.

Quelle folie c'était.

- Je ne parle pas de rompre le secret magique, je parle de nous défendre quand ils nous attaquent, c'est différent, vous pensez vraiment qu'aucun moldu n'a su pour les sorciers au travers des âges ? Bon nombre de sorcier et sorcières se sont mis en couple avec de simples moldu, le secret magique n'a été que pour la masse, certains savent ne rien dire, mes hommes sont fidèles et trouvent leurs comptes.

Répond Delaney.

- Je parle bel et bien de n'avoir aucune pitié pour ce genre d'indigènes ou de sorciers ou encore de moldu voulant notre mort et nous attaquant quand nous sommes simplement à la recherche d'un endroit paisible pour vivre. D'ailleurs.

Thomas reprend sa canne en main.

- N'avez-vous pas pris le temps de bien prospecter ces terres avant de décider à vous y installer ? D'en apprendre un peu plus ?

- Pour l'instant.

Rien ne dit qu'ils ne changeraient pas de camp un jour selon les événements.

- La diplomatie avant tout, il faudrait que je puisse m'entretenir avec leur chef. Je manque de temps, il n'y avait personne il y a 40 ans.

- Pour l'instant soit mais qui ne change jamais est un idiot, c'est dans le moment présent que nous vivons.

Enchaîne Thomas.

- Il n'y avait personne car vous n'avez bien cherché ou car ils se cachaient. Bref. Vous rêvez si vous pensez pouvoir marchander avec eux, la diplomatie avant tout.

Là, c'est un rire bien gras qui fait irruption.

- Vous passez d'un énergumène froid sans respect qui envoie valser son interlocuteur à diplomate désormais ?

Peinant à se calmer ayant quelques larmes aux yeux Delaney termine par ces quelques mots.

- J'ai déjà tenté la diplomatie avec eux, en échange j'ai eu des femmes à consoler.

- Si vous le dites.

Il avait soixante ans, les accusations vides de sens il y a bien longtemps qu'il n'y faisait plus attention.

- J'envoie valser ceux qui n'ont pas les idées claires ou qui tentent sans subtilité de me doubler. Ou ceux dont j'ai des doutes sur leurs véritables intentions, que mes doutes soient fondés ou non.

Delaney n'avait peut être pas choisi de mener la vie qu'il mène, il fallait le ménager malgré tout.

- La diplomatie c'est toute ma vie.

- Je n'ai pas besoin de doubler une personne qui n'a rien d'intéressant à proposer, sans vouloir vous vexer, vous n'êtes là qu'un Directeur d'une école nouvelle qui ne se soucie que peu de ceux qui y sont.

Rétorque Delaney.

- La Diplomatie c'est toute votre vie ? Eh bien alors dans ce cas allez donc sur les terres avoisinantes et tentez donc de passer un quelconque pacte avec eux, nous vous regarderons de loin, sans agir. Vous en perdrez sûrement la vie.

Sur ces mots Thomas se lève et remet son chapeau.

- Je pense que nous en avons terminé là, votre diplomatie est à retravailler Monsieur Von Lÿdnow, pour votre propre bien vous devriez peut-être retourner vous abriter comme un lâche à l'intérieur d'un château qui ne vous appartient même pas totalement.

Otto observait son verre, l'agitant dans main, détaché.

- Changement de comportement soudain, aigreur... Signe d'un homme troublé et inquiet.

Il releva les yeux vers l'homme.

- Je ne vous en tiens pas rigueur et je ne vous en veux pas. À vrai dire, je réagirais de la même manière si j'avais perdu quelqu'un de cher.

Il se releva à son tour.

- Je vais consulter mon équipe de professeurs et j'aviserai.

Il tendit sa main, sans grande conviction que Delaney lui serre.

- Signe d'un homme qui a assez perdu temps avec un homme qui ne le prend point en respect depuis le début, mon comportement est le même depuis le début de cet entretien la lassitude et le désintérêt.

Thomas ne serre point la main d'Otto et quitte les lieux.

- Pauvre fou.